L’Echo, 26 avril 2018. Michel Lauwers.
Le fonds d’investissement qui fédère des entrepreneurs wallons soucieux de dynamiser les PME a réalisé sa deuxième opération. L’heureuse élue est Pro Leather, un trader de peaux récemment transformé en groupe intégré. La société basée à Eupen a racheté en février une tannerie allemande afin de réduire sa dépendance à la sous-traitance.
Profinpar, le fonds d’investissement lancé l’an dernier par une quarantaine d’entrepreneurs belges pour soutenir les PME en croissance vient de réaliser sa deuxième opération. Après avoir investi en 2017 dans le cabinet d’experts comptables, fiscaux et juridiques ODB & Associés, il a pris une participation dans Pro Leather, une entreprise belge spécialisée dans l’achat de peaux bovines, leur transformation et la vente de cuirs semi-finis et finis.
Fondée il y a onze ans par Cédric Evers, fils de l’ancien bourgmestre d’Eupen Alfred Evers, Pro Leather travaille surtout pour l’industrie automobile et l’aéronautique, mais s’est diversifié récemment en étendant sa clientèle au secteur de la maroquinerie. Profinpar y a pris une participation minoritaire en souscrivant à une augmentation de capital aux côtés de Meusinvest. Sa mise se situe « dans la partie basse de la fourchette de 2 à 6 millions » que le holding consacre aux PME qu’il finance, nous dit-on au siège de Profinpar. Il n’est pas exclu qu’il souscrive à de nouvelles augmentations de capital à l’avenir.
Pro Leather achète les peaux aux abattoirs et aux équarrisseurs, les tanne ou les fait tanner, puis les classe en différents niveaux de qualité, après quoi elle les vend. La difficulté du métier réside dans l’évaluation de la qualité de chaque peau, quasi impossible à faire au stade de l’achat des peaux brutes. D’où l’intérêt d’avoir pour clients des sociétés aéronautiques. En effet, celles-ci acceptent les peaux de moindre qualité parce qu’elles leur appliquent ensuite un retraitement intense qui relativise l’importance du niveau de départ du matériau.
Pas le cas, en revanche, des constructeurs automobiles qui constituent le moteur de croissance du secteur ces dernières années. Le chiffre d’affaires de Pro Leather a bondi de 15 millions d’euros en 2015 à 27 millions l’année suivante. « Ce marché est dopé par le secteur automobile, souligne Thomas Walgraffe, partner de Profinpar. Les clients des grands constructeurs allemands comme Porsche, Mercedes ou BMW veulent de plus en plus souvent du cuir sur leur tableau de bord, dans leurs portières, etc. »
Acquisition en Allemagne
Pro Leather a bien tiré parti de cette évolution. La PME avait, jusqu’il y a peu, pour modèle de faire sous-traiter toute l’activité de tannage des peaux. Mais avec un volume de ventes de 300 à 400.000 peaux par an, elle a estimé qu’elle courait un risque grandissant si un de ses principaux sous-traitants lui faisait un jour défaut. C’est la raison pour laquelle elle a racheté, en février dernier, un de ses sous-traitants basés à Weida, près de Leipzig, en Allemagne. GFL GmbH emploie quelque 70 personnes, alors que Pro Leather n’occupait qu’une demi-douzaine de collaborateurs: sacré changement de paramètre. Le produit de l’augmentation de capital souscrite par Profinpar et Meusinvest servira entre autres à soutenir l’intégration de la tannerie allemande dans ce qui est en train de devenir un groupe. Elle servira aussi à financer sa croissance. « L’ouverture de notre capital est un moment charnière pour l’entreprise, commente son fondateur dans un communiqué. Cela va nous donner les moyens non seulement d’entrer sur de nouveaux marchés, mais également de renforcer de manière décisive notre position dans nos marchés historiques. »
Un des axes de son développement futur passera par la maroquinerie, un nouveau type de clientèle « qui semble bien réagir » à l’arrivée du nouveau venu, selon Profinpar.