Trends-Tendances, 22 juin 2017. Guy Van den Noortgate.
Avec son fonds d’une trentaine de millions d’euros dévolu spécifiquement aux PME de taille moyenne, Profinpar propose une offre de capitaux à risque assortie de l’expertise d’entrepreneurs-investisseurs. Un cocktail qui ne peut que doper leur croissance.
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Si la Belgique compte nombre d’entreprises en croissance comme l’illustrent les multiples Gazelles mises à l’honneur par Trends-Tendances depuis une quinzaine d’années, force est de constater qu’elles pourraient être infiniment plus nombreuses. Car les sociétés qui sont dotées d’un réel potentiel de croissance ne manquent pas. Mais pour toute une série de raisons, leurs responsables se sont fixé des limites, consciemment ou inconsciemment. La première d’entre elles, qu’il ne faut pas négliger mais qu’il ne faut pas non plus surestimer, est le « plafond syndical », qui pour les PME ne dépasse pas les 49 travailleurs. Au-delà, la loi prévoit l’institution de conseils d’entreprise – des dérogations sont toutefois possibles – et la mise en place de comités de prévention et de protection. C’est clairement un frein aux ambitions de croissance, mais le plus souvent, c’est d’abord la décision du patron qui signifie la véritable fin de non-recevoir à toute évolution. Pour diverses raisons, il ne se sent pas capable de gérer une structure plus importante ou ne le souhaite tout simplement pas. Et pour ceux qui affichent une volonté de progression, d’autres obstacles se dressent sur leur route, parmi lesquels le financement.
Sous-capitalisation des PME
«Différentes études réalisées par la Région wallonne, EY, PwC ou Febelfin, pointent le manque de capitalisation de certaines PME wallonnes, souligne Pierre Robin, managing partner de Profinpar. Or, cette sous-capitalisation entrave la croissance et le développement de ces PME. L’offre en capital à risque est également fort segmentée et nous remarquons une offre trop limitée pour des investissements compris entre 2 et 5 millions d’euros.» Dans la foulée de ce constat, on peut mentionner l’étude Analyse des performances et évolutions du tissu PME wallon, présentée en 2014 par Philippe Pire, associé chez EY. De cette dernière qui porte sur l’évolution de 11.000 PME du secteur marchand entre 2006 et 2012, il ressort notamment qu’il y a en moyenne moins d’entreprises en Wallonie que dans les régions avoisinantes. Le déficit se situe principalement au niveau des entreprises de taille moyenne. Par ailleurs, la capitalisation des PME wallonnes se place à un niveau comparativement bas. Enfin, les PME wallonnes sont globalement plus fragiles que les PME flamandes. Ainsi, près d’un quart d’entre elles pourraient être mises en dif-ficulté en cas de coup dur.
C’est pour répondre à cette situation que Profinpar a développé un concept reposant sur un investissement en capital à risque dans une fourchette comprise entre 2 et 6 millions d’euros combiné à de l’accompagnement aux dirigeants de PME. Le fonds, avec un minimum de 30 et un maximum de 45 millions d’euros, a déjà recueilli plus d’une trentaine de millions auprès d’une quarantaine de dirigeants d’entreprises belges, luxembourgeois et français, d’investisseurs patri-moniaux et d’acteurs institutionnels tels que Belfius et la Société fédérale de participations et d’investissement (SFPI). Outre l’encadrement de l’équipe de Profinpar, les PME pourront bénéficier des conseils d’entrepreneurs tels que Françoise Belfroid (groupe Ronveaux), François Blondel (OncoDNA, KitoZyme), Rodolphe Collinet (Carmeuse), Jean-Pierre Delwart (Eurogentec), Olivier Legrain (IBA), Erik Maes (Père Olive), Etienne Rigo (Octa+), Thierry Quertinmont (Trafic) ou encore Bruno Vanderschueren (Lampiris).
Un trio de choc
Ce nouveau fonds marque une nouvelle étape dans le développement de Profinpar, qui fête cette année ses 20 ans. Aux commandes, on retrouve donc Pierre Robin. Docteur en sciences et bioingénieur de formation, il a débuté sa carrière au sein du groupe Eternit où il est resté neuf ans avant de rejoindre Synerfi (Fortis Private Equity). En 1997, avec un groupe d’investisseurs, il fonde Profinpar où il gère l’opérationnel. En 20 ans, deux tours de table successifs ont réuni une vingtaine d’investisseurs et des investissements ont été réalisés dans 26 entreprises (consolidées en 12 groupes d’entreprises), relevant d’activités tant industrielles que commerciales ou de services, pour un montant total de l’ordre de 25 millions d’euros. Parmi les sociétés qui ont été soutenues ces 20 dernières années lors des deal clubs (associations d’investisseurs) 1 et 2, on peut citer entre autres Balteau (stations de pompages et d’épuration des eaux), Connex Group (sécurité), Federa (conditionnement de médicaments injectables), IRM Group (équipements de contrôle en sidérurgie) ou encore Veramic (verrerie pharmaceutique). Avec ce fonds d’investissement, Profinpar lance en quelque sorte un deal club 3 qui pourra s’appuyer d’une part, sur l’expérience de 25 ans de Pierre Robin en private equity, et d’autre part sur une équipe de gestionnaires permanents. Sans oublier les dirigeants d’entreprise qui sont partie prenante au projet.
Profinpar a développé un concept reposant sur un investissement en capital à risque dans une fourchette comprise entre 2 et 6 millions d’euros combiné à de l’accompagnement aux dirigeants de PME.
Afin de piloter ce fonds, Pierre Robin s’est adjoint deux fines lames en la personne de Dimitri de Failly et Thomas Walgraffe. Le premier, licencié de l’IAG, a travaillé durant sept ans chez PwC où il a effectué, entre autres, du conseil en management ainsi que des missions de marketing stratégique, et neuf ans au sein du family office lié à Guy Ullens de Schooten. Le second, ingénieur civil et titulaire d’un MBA de l’Insead, a derrière lui un
parcours industriel d’une vingtaine d’années, dont plus de la moitié à l’international, au sein de trois groupes : Umicore, Paul Wurth et CMI. Il y a occupé des fonctions de direction générale, commerciale et technique. Ensemble, ils ont déjà négocié une cinquantaine de deals en Belgique et à l’étranger. Une équipe qui réunit des compétences complémentaires et dont les membres ont déjà «mis les mains dans le cambouis ».
Entreprises de niches
Les entreprises ciblées par Profinpar sont des PME ou des entreprises familiales de taille moyenne qui emploient plus de 20 collaborateurs, dégagent une valeur ajoutée supérieure à 2 millions d’euros et dont la valeur d’entreprise oscille entre 2 et 20 millions d’euros. Elle vise des sociétés localisées en Belgique, au Grand-Duché et dans le nord de la France, avec une attention particulière accordée aux entreprises de niche ainsi qu’aux secteurs en consolidation. « Il va de soi que le dirigeant d’entreprise doit afficher une volonté de croissance, précise Pierre Robin. Nous apportons notre soutien aux PME qui manifestent le désir de se développer, que ce soit organiquement ou par acquisitions. Nous n’intervenons pas lors de la phase de démarrage pour laquelle d’autres outils existent. Notre offre s’adresse à des entreprises matures qui sont entravées dans leur progression par manque de capitaux.» La mission de Profinpar est claire : «Créer de la valeur pour les PME et les entreprises familiales et leurs actionnaires en contribuant en tant que catalyseur à leur développement volontariste, à leur transmission ou à leur optimisation. Et cela grâce à l’investissement à durée adaptée de capital à risque associé à un coaching actif mettant en oeuvre l’expertise de ses investisseurs-entrepreneurs eux-mêmes actionnaires et dirigeants de PME ou de groupes familiaux ».
«Nous nous intéressons principalement à six grands pôles: l’environnement et l’habitat, l’agroalimentaire, la technologie, la distribution et les marques, les services et la qualité de vie, explique Dimitri de Failly. Ce n’est pas exclusif. Nous ne nous adressons pas à des secteurs comme les biotechs ou les fintechs qui sont déjà bien couverts par des acteurs privés et publics.» Profinpar a déjà réalisé un premier investissement dans ODB & Associés. Ce cabinet d’experts comptables, fiscaux et juridiques, actif dans un secteur en pleine consolidation, souhaite se développer par croissance externe. Sur 100 dossiers, Profinpar en retient environ une dizaine pour une analyse approfondie dont deux ou trois aboutiront in fine à un investissement. Pour ces derniers, s’ajoute alors un entrepreneur partenaire qui va valider le dossier et le suivre ensuite en intégrant le conseil d’administration de l’entreprise dans laquelle Profinpar a pris une participation. «Les participations sont plutôt importantes avec des détentions supérieures à 35% du capital, précise Thomas Walgraffe. Ceci nous permet de contribuer au débat stratégique et aux décisions clés au sein du conseil d’administration. Et ainsi d’apporter une réelle valeur ajoutée à la PME. »
Partenariat actif
Dans la stratégie de Profinpar, la prise de participation peut monter jusqu’à 100%. Elle entend rester au capital des entreprises dans lesquelles elle apporte des fonds en moyenne cinq ans mais cela peut monter jusqu’à 11 ans. En pratique, elle intervient spécifiquement dans trois types de situation: la croissance, la transmission et l’optimisation. « L’important est que le projet d’entreprise et le projet des actionnaires soient bien en phase, ajoute Pierre Robin. Nous construisons avec le dirigeant de PME un partenariat actif, nous ne sommes pas là pour prendre les décisions de manière dictatoriale. Les deux mots clés de notre business model sont ‘argent’ et ‘talent’. Nous investissons du smart money dans le cadre d’un partenariat actif et constructif tirant parti des atouts respectifs des deux parties. Celui-ci consiste à soutenir un management professionnel actionnaire ou non, non seulement par des capitaux à risque mais également par la mobilisation des compétences ad hoc du talent pool. Notre offre rencontre ainsi des besoins dépassant le simple financement des fonds propres.»
PROFINPAR a déjà réalisé un premier investissement dans ODB & Associés.
Avec ce fonds, Profinpar répond clairement à un besoin sur le marché du financement des petites et moyennes entreprises qui sont nombreuses à être sous-capitalisées. Toutefois, cette offre s’adresse spécifiquement aux dirigeants d’entreprise qui affichent une volonté de croissance et qui sont disposés à ouvrir leur capital. Deux conditions que l’on ne rencontre pas nécessairement dans la plupart des PME et entreprises familiales. Mais on observe toutefois qu’avec la génération qui arrive progressivement aux affaires et qui remplace grosso mode celle des babyboomers, les mentalités évoluent et de nouveaux objectifs s’affichent.
Outre les aspects purement financiers, il convient de souligner l’apport en termes de coaching, de conseil, d’élaboration de stratégie et de suivi via le conseil d’administration que fournit Profinpar. Celui-ci peut s’appuyer sur un solide réseau d’expertise représenté par ses entrepreneurs-investisseurs. Comme le note l’équipe de Profinpar, «cet accompagnement stratégique permet au dirigeant de sortir de son isolement tout en lui fournissant les outils utiles au déploiement de ses talents managériaux », et ainsi d’assurer à terme la pérennité de son entreprise. Un peu à la manière de Profinpar qui a su se réinventer en s’ouvrant de nouveaux horizons de développement.
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